Le début de l’année 2025 a été doux avec des températures entre janvier et mars au-dessus des normales (+1,1°C à Orange sur ces 3 mois). Cela a entraîné un débourrement relativement précoce qui a pu inquiéter les viticulteurs avec des épisodes gélifs autour de la mi-mars généralement circonscrits aux zones protégées du Mistral.
L’été 2025 a encore une fois été chaud, mais avec des périodes contrastées : une canicule précoce sur la fin juin, puis une période fraiche autour du 8 juillet où les températures estivales descendent jusqu’à 4°C en dessous des normales, puis un petit pic de chaleur, avant qu’une nouvelle vague fraiche à la fin du mois de juillet laisse la place à une canicule très sévère du 5 au 18 août 2024, où les températures maximales frôlent les 40°C à l’ombre pendant plus d’une semaine. Un retour au frais se produit après l’orage du 19 août et les températures restent dans les normales jusqu’à la fin de la période végétative.
Au global, l’été 2025 est ainsi dans la moyenne de ces dernières années, avec 23 journées à plus de 35°C et 22 nuits à plus de 20°C.
Ces températures sont tout de même très importantes pour les végétaux, fort heureusement de belles réserves d’eau ont été accumulées en début de saison, et surtout au mois de mars (comme l’an dernier) : tous les mois de janvier à mai ont reçu plus de précipitations que la normale.
La fin d’année a également été bien arrosée, presque un peu tôt avec de gros cumuls sur la fin du mois d’août, cumuls parfois accompagnés de dégâts matériels (une dizaine de communes entre Orange et Bagnols ont été reconnues en catastrophe naturelle pour l’orage de la nuit du 31 août au 1er septembre).
La résultante de tous ces cumuls est que l’année hydrologique 2025 montre de très belles recharges des nappes et globalement une bonne disponibilité hydrique pour les plantes. Ce n’était toutefois pas gagné, car l’hiver 2024-2025 a été très sec : un déficit important est observé entre fin novembre et février.
Encore une fois cette année, la situation météorologique fut également très favorable au mildiou et dans une moindre mesure au black-rot, avec des développements très rapides et difficiles à maîtriser avec une croissance rapide de la végétation, des pluies fréquentes et des sols détrempés qui ont pu rendre l’accès à certaines parcelles compliqué. Heureusement, les pluies se sont arrêtées plus vite que l’an dernier, le mois de juin ayant été bien plus sec.
Finalement, 2025 est, sur le cycle de la vigne (débourrement à récolte) une nouvelle fois un millésime chaud et sec. Il est cependant plus chaud que l’an dernier, mais avec des précipitations similaires.
Selon Météo France, l’été 2025 se situe au 3ᵉ rang des étés les plus chauds avec une température moyenne de 22,2°C, derrière les étés 2003 et 2022. Il s’agit du 4ᵉ été consécutif très chaud.
À Orange, la vigne a commencé à débourrer assez précocement sur la fin de mars à la faveur de températures hivernales particulièrement douces. Avec une avance conséquente sur les normales, d’importants risques de gel se sont manifestés sans toutefois que le thermomètre n’atteigne les valeurs limites et surtout avec l’aide du Mistral dans les épisodes critiques.
Les pluies abondantes et des températures clémentes sur la période suivante ont participé à un développement régulier, mais peu hâtif conduisant à une période de floraison se situant dans les standards observés. La sortie de grappes a été relativement dans les normales observées.
L’été chaud a permis au Grenache d’atteindre le stade véraison avec deux jours d’avance sur la date médiane (1990-2023). Les températures très élevées du mois de juin ont influé négativement sur la taille des baies, qui n’atteignent à la récolte que 308g pour 200 baies : c’est la deuxième valeur la plus basse après 2019 pour ces 15 dernières années (la moyenne pour 200 baies étant à 341g). Ces petites baies ont parfois pu profiter des précipitations de la fin août et de septembre en regonflant en moyenne de 5% à cette occasion. Extrapolée à l’échelle d’un hectare, la récolte aurait pu être généreuse : les petites baies ont toutefois diminué d’autant le rendement en proportion.
Le 1er septembre, le TAVP a atteint en moyenne 13,7 %vol. sur Grenache, soit 0,9 %vol. de plus que la normale (1990-2023). Le pH est lui à 3,38 soit +0,13 par rapport à la normale. On a ainsi l’image d’un millésime où les raisins ont des degrés maîtrisés et une acidité qui reste présente.
Cette année, le stress hydrique a été relativement modéré : en conséquence des importantes précipitations sur les premiers mois de l’année, la vigne n’a souffert du stress hydrique que dans les terroirs les plus limitants, sur lesquels on a pu observer un stress sur les vignes, entre la mi-juin à la mi-juillet.
Le bilan hydrique montre bien un stress prononcé sur la première quinzaine de juillet.
Le réseau de sondes capacitives de l’Institut Rhodanien indique pour certaines parcelles une contrainte hydrique jusqu’à fin août.
Les fortes températures de juin ont conduit à une faible croissance des baies : c’est la deuxième valeur la plus basse après 2019 pour ces 15 dernières années (la moyenne pour 200 baies étant à 341g).
Une dynamique d’accumulation des sucres très inhabituelle : l’accumulation des sucres durant la première moitié du mois d’août a été particulièrement forte et rapide à cause de la chaleur. La pluie du 19 août a eu un impact différent selon les cépages et les secteurs. Lorsque le raisin étant encore en cours de chargement, cela a relancé la maturation, mais parfois dilué les raisins là où les cumuls étaient plus importants. Pour les parcelles / cépages les plus précoces, la maturation était presque terminée, il valait mieux récolter avant de voir la pourriture s’installer.
En particulier sur Grenache, lorsqu’il était possible d’attendre (en fonction de l’état sanitaire), une belle maturité phénolique a pu être atteinte dès mi-septembre.
Un millésime avec un beau potentiel, mais des volumes faibles
Malgré un début en fanfare, les pluies de septembre ont permis de calmer le jeu et de rechercher le meilleur équilibre avec au final une belle qualité.
La vinification a été, dans sa grande majorité, facile avec des fermentations qui se sont bien déroulées.
Les vins rouges présentent un bon équilibre et des degrés modérés. La patience a permis d’atteindre une maturité phénolique optimale conduisant à une belle intensité colorante et des tanins mûrs et soyeux.
Les blancs présentent une belle palette aromatique avec de la fraicheur, un bel équilibre acide et des degrés très raisonnables.
Les vinifications se sont plutôt bien déroulées.
Les degrés ne sont pas montés trop haut et l’acidité a été préservée sur l’ensemble des vins.
Les vins rouges sont colorés avec des tanins mûrs. Ils présentent un bel équilibre avec des degrés maîtrisés. On constate une belle richesse aromatique.
Les blancs montrent un profil élégant et un bon potentiel
aromatique avec des degrés contenus et une belle fraîcheur préservée.