2022, un millésime de records

Modifié le 03/11/2022

Bilan phéno climato du millésime 2022

2022, un millésime de records

Cette année 2022 a fait tomber plusieurs records, tant au niveau des températures, très élevées, que du stress hydrique, très précoce, ou que des précipitations, très faibles. 


Précocité extrême et blocages de maturité, les vendanges en ont été quelque peu chamboulées.


                                                 

 Chaleur et sécheresse exceptionnelles

L’été a été exceptionnellement chaud, sur les bases de 2003. Les nuits ont été historiquement chaudes (33 nuits à plus de 20°C, soit plus qu’en 2003) et les jours également très chauds (37 journées à plus de 35°C de température maximale). Le mois de mai a également été le plus chaud jamais enregistré sur la station d’Orange. Ce printemps 2022 se classe à la 3ème position des printemps les plus chauds et les plus secs en France.

La sécheresse est quant à elle présente depuis mars, s’aggravant toujours plus au fil de la saison. Entre le 15 octobre 2021 et le 1er septembre 2022, seuls 300 mm ont été enregistrés contre 600 mm sur une année normale.

Finalement, 2022 est sur le cycle de la vigne (débourrement à récolte) le millésime le plus chaud et le plus sec depuis 1950. Il dépasse de peu 2003.

Si le débourrement s’est produit avec 5 jours de retard par rapport à la médiane 2000-2021, le printemps puis l’été chaud ont accéléré le reste du cycle végétatif : la floraison a été assez précoce (2 jours d’avance) pour arriver à la véraison avec 10 jours d’avance, estimée à Orange en moyenne autour du 24 juillet pour le Grenache (soit un jour plus tôt qu’en 2003). Cette véraison est la plus précoce observée. La première quinzaine d’août, toujours chaude et sèche, a précipité les vendanges des cépages les plus précoces et à maturation rapide. Ainsi dès le 10 août, les Roussannes avaient atteint 15 degrés d’alcool potentiel sur certaines parcelles.

Les pluies de la mi-août ont permis de ralentir la maturation et de faire regonfler des baies de certains cépages. Sur certaines vignes, le feuillage, peu développé et peu fonctionnel en fin de saison, n’a sans doute pas permis un redémarrage des dynamiques de maturation malgré les pluies. La progression des degrés était très lente, de l’ordre d’un demi-degré par semaine, contre habituellement +1 à 1.5 degré par semaine. Ainsi la période de récolte a été assez longue, s’étalant de la mi-août à début octobre.


Un stress hydrique précoce et une moindre surface foliaire

Sur les parcelles les plus séchantes, dès la mi-juin on observait les premiers ralentissements de croissance des apex, signes d’une contrainte hydrique modérée. Sans pluies, les apex des vignes ont séché assez rapidement avec l’installation d’une contrainte hydrique de plus en plus forte. Cela a arrêté la croissance du feuillage et limité la surface de feuillage exposé, permettant aux vignes de moins transpirer et d’économiser l’eau au maximum. Cette stratégie d’adaptation a permis à de nombreuses parcelles de tenir le choc de l’année 2022, malgré le pessimisme des modèles simulant l’utilisation de l’eau par la plante. 


                             


Les jeunes vignes, dont l’enracinement n’est pas encore tout à fait terminé, semblent avoir le plus souffert de la sécheresse : défoliations marquées, surface foliaire très réduite à la récolte. Sur ces jeunes vignes, il reste à espérer que la mise en réserve sera suffisamment bonne pour permettre un bon redémarrage en 2023.


Un chargement en sucre à deux vitesses

La sécheresse et les fortes températures ont impacté de façon très hétérogène le vignoble avec, d’une part, certaines parcelles et cépages précoces qui présentaient un TAVP potentiel à 15° dès le début du mois d’août et, d’autre part, des blocages de maturation sur les vignes qui avaient fortement souffert de la sécheresse et qui étaient malgré tout chargées. Sur ces vignes au feuillage affecté par la sécheresse, l’augmentation des degrés s’est faite plus par concentration (déshydratation après les épisodes de mistral de mi-septembre) que grâce à un bon chargement en sucres.

La vendange s’est donc déroulée en deux temps avec les cépages précoces qui sont montés très vite à de hauts degrés dès début août (Roussanne, etc.) et les cépages moyens qui ont stagné par blocage de maturation. La maturation lente a permis d’étaler les vendanges.


Toute la vallée du Rhône à la même enseigne

Aucun secteur n’a échappé à ces conditions extrêmes, ce qui a homogénéisé les maturités. Les secteurs habituellement plus tardifs, tels que Grignan, ont démarré les vendanges à des niveaux de sucre aussi élevés que les zones plus méridionales, à priori plus précoces. Les vendanges ont même été terminées plus vite par emballement rapide des degrés, sur des cépages moins habitués et résistants à la sécheresse et aux chaleurs.


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