Bilan phéno climato du millésime 2022
Cette année 2022 a fait tomber plusieurs records, tant au niveau des températures, très élevées, que du stress hydrique, très précoce, ou que des précipitations, très faibles.
Précocité extrême et blocages de maturité, les vendanges en ont été quelque peu chamboulées.
Chaleur et sécheresse exceptionnelles
L’été a été exceptionnellement chaud, sur les bases de 2003.
Les nuits ont été historiquement chaudes (33 nuits à plus de 20°C, soit plus
qu’en 2003) et les jours également très chauds (37 journées à plus de 35°C de
température maximale). Le mois de mai a également été le plus chaud jamais
enregistré sur la station d’Orange. Ce printemps 2022 se classe à la 3ème
position des printemps les plus chauds et les plus secs en France.
La sécheresse est quant à elle présente
depuis mars, s’aggravant toujours plus au fil de la saison. Entre le 15 octobre
2021 et le 1er septembre 2022, seuls 300 mm ont été enregistrés
contre 600 mm sur une année normale.
Finalement, 2022 est sur le cycle de la vigne (débourrement
à récolte) le millésime le plus chaud et le plus sec depuis 1950. Il
dépasse de peu 2003.
Si le débourrement s’est produit avec 5 jours de retard par
rapport à la médiane 2000-2021, le printemps puis l’été chaud ont accéléré le
reste du cycle végétatif : la floraison a été assez précoce (2 jours
d’avance) pour arriver à la véraison avec 10 jours d’avance, estimée à Orange
en moyenne autour du 24 juillet pour le Grenache (soit un jour plus tôt qu’en
2003). Cette véraison est la plus précoce observée. La première quinzaine
d’août, toujours chaude et sèche, a précipité les vendanges des cépages les
plus précoces et à maturation rapide. Ainsi dès le 10 août, les Roussannes
avaient atteint 15 degrés d’alcool potentiel sur certaines parcelles.
Les pluies de la mi-août ont permis de ralentir la
maturation et de faire regonfler des baies de certains cépages. Sur certaines
vignes, le feuillage, peu développé et peu fonctionnel en fin de saison, n’a
sans doute pas permis un redémarrage des dynamiques de maturation malgré les
pluies. La progression des degrés était très lente, de l’ordre d’un demi-degré
par semaine, contre habituellement +1 à 1.5 degré par semaine. Ainsi la période
de récolte a été assez longue, s’étalant de la mi-août à début octobre.
Sur les parcelles les plus séchantes, dès la mi-juin on
observait les premiers ralentissements de croissance des apex, signes d’une
contrainte hydrique modérée. Sans pluies, les apex des vignes ont séché assez
rapidement avec l’installation d’une contrainte hydrique de plus en plus forte.
Cela a arrêté la croissance du feuillage et limité la surface de feuillage
exposé, permettant aux vignes de moins transpirer et d’économiser l’eau
au maximum. Cette stratégie d’adaptation a permis à de nombreuses parcelles de tenir
le choc de l’année 2022, malgré le pessimisme des modèles simulant l’utilisation
de l’eau par la plante.
Les jeunes vignes, dont l’enracinement n’est pas encore tout
à fait terminé, semblent avoir le plus souffert de la sécheresse :
défoliations marquées, surface foliaire très réduite à la récolte. Sur ces
jeunes vignes, il reste à espérer que la mise en réserve sera suffisamment
bonne pour permettre un bon redémarrage en 2023.
La sécheresse et les fortes températures ont impacté de
façon très hétérogène le vignoble avec, d’une part, certaines parcelles et
cépages précoces qui présentaient un TAVP potentiel à 15° dès le début du mois
d’août et, d’autre part, des blocages de maturation sur les vignes qui avaient
fortement souffert de la sécheresse et qui étaient malgré tout chargées. Sur
ces vignes au feuillage affecté par la sécheresse, l’augmentation des degrés
s’est faite plus par concentration (déshydratation après les épisodes de
mistral de mi-septembre) que grâce à un bon chargement en sucres.
La vendange s’est donc déroulée en deux temps avec les cépages
précoces qui sont montés très vite à de hauts degrés dès début août (Roussanne,
etc.) et les cépages moyens qui ont stagné par blocage de maturation. La
maturation lente a permis d’étaler les vendanges.
Aucun secteur n’a échappé à ces conditions extrêmes, ce qui
a homogénéisé les maturités. Les secteurs habituellement plus tardifs, tels que
Grignan, ont démarré les vendanges à des niveaux de sucre aussi élevés que les
zones plus méridionales, à priori plus précoces. Les vendanges ont même été
terminées plus vite par emballement rapide des degrés, sur des cépages moins habitués
et résistants à la sécheresse et aux chaleurs.
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